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Minerva McGonagall En dehors de Rusard, personne, parmi le personnel, ne remuait le petit doigt pour aider Ombrage. Une semaine après le départ de Fred et de George, Harry vit le professeur McGonagall passer devant Peeves, occupé à détacher du plafond un lustre de cristal, et aurait juré l’avoir entendue dire du coin des lèvres à l’esprit frappeur : « Il faut le dévisser dans l’autre sens. »
— Notre nouvelle… directrice - le professeur McGonagall prononça ce mot avec la même expression que celle de la tante Pétunia lorsqu’elle se trouvait confrontée à une tache particulièrement tenace - a demandé aux responsables des maisons de prévenir les élèves que toute tentative de tricherie sera très sévèrement punie car, bien sûr, les résultats de vos examens refléteront le nouveau régime imposé par la direction de l’école…
Le professeur McGonagall laissa échapper un infime soupir. Harry vit frémir les narines de son nez pointu.
— Ce n’est cependant pas une raison pour ne pas donner le meilleur de vous-mêmes. Vous devez d’abord penser à votre propre avenir.
Les sortilèges informulés étaient à présent exigés non seulement en cours de défense contre les forces du Mal, mais également en classe de sortilèges et de métamorphose. Souvent, dans la salle commune ou aux heures des repas, Harry voyait autour de lui des condisciples au visage tendu et au teint violacé, comme s’ils avaient pris une dose excessive de Pousse-Rikiki, mais il savait qu’en fait, ils essayaient de toutes leurs forces d’exécuter un sortilège sans prononcer d’incantation. Sortir du château pour se rendre dans les serres était un grand soulagement. En cours de botanique, ils avaient affaire à des plantes plus dangereuses que jamais mais au moins, ils avaient le droit de jurer haut et fort si une Tentacula vénéneuse les attrapait inopinément par-derrière.
— OUAIS ! hurla-t-il.
Il exécuta un demi-tour et redescendit en piqué, levant la main qui tenait le Vif d’or. Lorsque la foule comprit ce qui venait de se passer, une immense clameur s’éleva dans le stade, couvrant le bruit du sifflet qui signalait la fin du match.
— Ginny, où vas-tu ? s’écria Harry, coincé par les autres joueurs qui l’étreignaient en plein vol, mais Ginny leur passa devant et poursuivit sa course jusqu’à l’estrade du commentateur qu’elle percuta de plein fouet dans un fracas assourdissant. Tandis que des cris et des rires fusaient des tribunes, le reste de l’équipe de Gryffondor atterrit devant les débris de bois sous lesquels Zacharias remuait faiblement. Harry entendit Ginny déclarer d’un ton dégagé à un professeur McGonagall très en colère :
— Désolée, professeur, j’ai oublié de freiner.
Éclatant de rire, Harry se dégagea des autres joueurs
— Ce n’est pas… le moment d’en parler, déclara Lupin, qui évita le regard des autres en détournant les yeux d’un air égaré. Dumbledore est mort…
— Dumbledore aurait été plus heureux que quiconque de penser qu’il y a un peu plus d’amour dans le monde, dit sèchement le professeur McGonagall.
— Hagrid, vous n’avez pas donné votre avis, remarqua le professeur McGonagall. Qu’en pensez-vous ? L’école doit-elle rester ouverte ?
Hagrid, qui avait pleuré silencieusement dans son mouchoir à pois pendant toute cette conversation, leva ses yeux rougis et gonflés et répondit d’une voix rauque :
— Je ne sais pas, professeur… C’est aux directeurs de maison et à la directrice de Poudlard de décider…
— Le professeur Dumbledore attachait toujours beaucoup d’importance à votre point de vue, dit avec douceur le professeur McGonagall. Et moi aussi.
— Et les funérailles de Dumbledore ? demanda Harry, parlant enfin.
— Eh bien, dit le professeur McGonagall, la voix soudain tremblante, le ton radouci, je… je sais que c’était la volonté de Dumbledore de reposer ici, à Poudlard…
— Cette volonté sera donc respectée ? interrogea Harry d’un ton féroce.
— Si le ministère le juge opportun, répondit le professeur McGonagall. Aucun autre directeur, ni directrice, n’a jamais été…
— Aucun autre directeur, ni directrice, n’a jamais autant donné à cette école, gronda Hagrid.
— Poudlard doit devenir la dernière demeure de Dumbledore, assura le professeur Flitwick.
— Absolument, approuva le professeur Chourave.
— Dans ce cas, reprit Harry, vous ne devriez pas renvoyer les élèves chez eux avant l’enterrement. Ils voudront lui dire…
Le dernier mot s’étouffa dans sa gorge mais le professeur Chourave se chargea de le prononcer à sa place :
— … adieu.
— On pourrait peut-être mettre ça sur le dos des gamins, poursuivit Amycus, son visage porcin prenant soudain une expression rusée. Ouais, c’est ce qu’on va faire. On va dire qu’Alecto a été attaquée par les mômes, ceux qui sont là-haut, dans le dortoir – il leva les yeux vers le plafond étoile – et on dira qu’ils l’ont forcée à appuyer sur la Marque, et que c’est pour ça qu’il y a eu une fausse
alerte… Il aura qu’à les punir. Deux ou trois gamins de plus ou de moins, quelle différence ?
— La simple différence entre la vérité et le mensonge, le courage et la lâcheté, répliqua le professeur McGonagall qui avait pâli. Bref, une différence que votre soeur et vous-même semblez incapables de mesurer. Mais je voudrais qu’une chose soit bien claire. Vous ne ferez pas porter aux élèves de Poudlard la responsabilité de vos nombreuses inepties. Je ne le permettrai pas.
— On s’en fiche de ce que vous permettez, Minerva McGonagall. Votre époque est terminée. C’est nous qu’on commande, maintenant, et vous serez de mon côté ou alors vous le payerez cher.
Et il lui cracha à la figure.
Harry se débarrassa de la cape, leva sa baguette et dit simplement :
— Vous n’auriez pas dû faire ça.
Au moment où Amycus pivotait sur ses talons, Harry s’écria :
— Endoloris !
[...]
— Je comprends ce que Bellatrix voulait dire, commenta Harry, le sang battant dans sa tête, il faut vraiment vouloir la souffrance de l’autre.
— Potter ! murmura le professeur McGonagall, une main contre son coeur. Potter… Vous êtes ici ! Que… Comment…
Elle s’efforça de reprendre contenance.
— Potter, c’était idiot !
— Il vous a craché dessus, dit Harry.
— Potter, je… C’était très… chevaleresque de votre part… mais vous rendez-vous compte de…
— Oui, parfaitement, assura Harry.
Il a sauté, dit le professeur McGonagall au moment où Harry et Luna arrivaient en courant.
— Vous voulez dire qu’il est mort ?
Harry se précipita vers la fenêtre, ne prêtant aucune attention aux cris de stupeur que poussèrent Flitwick et Chourave en le voyant soudain apparaître.
— Non, il n’est pas mort, répondit McGonagall d’un ton amer. À la différence de Dumbledore, il avait toujours sa baguette… et il semble que son maître lui ait appris quelques petites choses.
Avec un frisson d’horreur, Harry vit au loin une forme massive, semblable à une chauve-souris,
voler dans l’obscurité en direction du mur d’enceinte.