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Harry Potter et les Reliques de la Mort — Mais si Voldemort a utilisé le sortilège d’Avada Kedavra, reprit Harry, et que, cette fois, personne
n’a succombé à ma place… comment puis-je être encore vivant ?
— Je crois que tu le sais, répliqua Dumbledore. Repense au passé. Souviens-toi de ce qu’il a fait
dans son ignorance, sa cupidité, sa cruauté. [...]
— Il a pris mon sang, dit Harry.
— Exactement ! s’exclama Dumbledore. Il a pris ton sang et s’en est servi pour se reconstruire un
corps vivant ! Ton sang circule dans ses veines, Harry. La protection de Lily se trouve en vous deux. Il
te rattache à la vie tant que lui-même est vivant !
— Les reliques, les reliques, murmura Dumbledore. Un rêve que poursuit l’homme avec acharnement !
— Mais elles sont réelles ! [Harry]
— Réelles et dangereuses, un leurre pour les sots, répliqua Dumbledore. Et sot, je l’étais tellement. [...] Maître de la Mort, Harry, maître de la Mort ! Étais-je finalement meilleur que Voldemort ?
La dernière trace de vapeur se dissipa dans l’atmosphère de l’automne. Le train disparut dans un virage. Harry levait toujours la main en signe d’adieu.
— Tout se passera bien pour lui, murmura Ginny.
Harry la regarda puis, d’un geste machinal, il abaissa la main et caressa sur son front la cicatrice en
forme d’éclair.
— J’en suis sûr.
Il y avait dix-neuf ans que la cicatrice de Harry avait cessé de lui faire mal. Tout était bien.
— Vous ne tuerez personne d’autre, cette nuit, assura Harry.
Ils continuaient de tourner en cercle, face à face, les yeux verts rivés sur les yeux rouges.
— Vous ne tuerez plus personne, plus jamais. Vous ne comprenez donc pas ? J’étais prêt à mourir pour vous empêcher de faire du mal à ceux qui sont ici…
— Mais tu n’es pas mort !
— J’en avais l’intention et c’est cela qui a tout déterminé. J’ai fait ce que ma mère avait fait. Ils sont protégés, vous ne pouvez plus les atteindre. N’avez-vous pas remarqué qu’aucun des sortilèges que
vous leur avez jetés n’a eu d’effet ? Vous ne pouvez pas les torturer. Vous ne pouvez pas les toucher. Vous n’avez rien appris de vos erreurs, Jedusor, n’est-ce pas ?
Ils finirent par s’installer pour la nuit dans un champ lointain qui appartenait à une ferme isolée où
ils purent se procurer des oeufs et du pain.
— Ce n’est pas du vol, hein ? demanda Hermione, anxieuse, tandis qu’ils dévoraient des oeufs
brouillés sur toast. Puisque j’ai laissé de l’argent à côté du poulailler ?
Ron leva les yeux au ciel et répondit, les joues pleines :
— Her-mignonne, ’u es ’oujours ’rop inquiè’e. ’é’ends-’oi.
D’un mouvement rapide, fluide, Neville s’était libéré du maléfice du Saucisson qui l’avait paralysé. Le Choixpeau enflammé tomba de sa tête et il tira de ses profondeurs un objet argenté, avec une poignée incrustée de rubis étincelants…
La lame aux éclats d’argent fendit l’air, mais son sifflement fut inaudible dans le vacarme que produisaient les hurlements des nouveaux venus, le fracas des géants qui s’affrontaient, le martèlement de sabots des centaures, et pourtant il sembla que tous les regards se tournaient vers elle. D’un coup unique, Neville trancha la tête du grand serpent. Elle tournoya haut dans les airs, luisant dans la lumière que déversait le hall d’entrée. La bouche de Voldemort s’ouvrit dans un cri de fureur que personne ne put entendre et le corps du serpent s’abattit lourdement à ses pieds…
Il relut la lettre mais ne put rien y découvrir de plus que la première fois et en fut réduit à examiner l’écriture elle-même. Elle formait ses g comme les siens. Il regarda chacun d’eux, et chacun lui apparut
comme un petit signe amical aperçu derrière un voile. Ces lignes constituaient un trésor inestimable, la preuve que Lily Potter avait été une personne vivante, vraiment vivante, que sa main tiède avait un jour
parcouru ce parchemin, traçant à l’encre ces lettres, ces mots, des mots qui parlaient de lui, Harry, son fils.
— Avec quoi tu t’es habillé, d’abord ? demanda-t-elle en montrant la chemise de Rogue. Le corsage de ta mère ? [Pétunia]
Il y eut un crac ! Une branche au-dessus de la tête de Pétunia était tombée. Lily poussa un hurlement. La branche avait heurté l’épaule de sa soeur qui recula d’un pas chancelant et fondit en
larmes.
— Avada Kedavra !
— Expelliarmus !
La détonation retentit comme un coup de canon et les flammes dorées qui explosèrent entre eux, au
centre précis du cercle qu’ils avaient dessiné de leurs pas, marquèrent le point où les deux sortilèges se frappèrent de plein fouet. Harry vit le jet de lumière verte de Voldemort heurter son propre sort, il vit la
Baguette de Sureau s’envoler très haut, sombre dans le soleil levant, tournoyant sous le plafond enchanté telle la tête de Nagini, virevoltant dans les airs en direction du maître qu’elle ne voulait pas
tuer, celui qui avait fini par prendre pleinement possession d’elle. De sa main libre, Harry, avec l’habileté infaillible de l’attrapeur, saisit la baguette au vol, tandis que Voldemort basculait en arrière,
les bras en croix, les pupilles fendues de ses yeux écarlates se révulsant. Tom Jedusor s’abattit sur le sol dans une fin triviale, le corps faible, ratatiné, les mains blanches et vides, son visage de serpent
dépourvu d’expression, inconscient. Voldemort était mort, tué par son propre maléfice qui avait rebondi sur lui. Harry, les deux baguettes à la main, regarda la dépouille de son ennemi.
— La chose qui était cachée dans le Vif d’or, commença-t-il, je l’ai laissée par terre, dans la forêt. Je
ne sais plus exactement où, mais je ne vais pas aller la rechercher. Vous êtes d’accord ?
— Oui, mon cher Harry, répondit Dumbledore.
Dans les autres tableaux, les visages parurent perplexes, intrigués.
— C’est une décision sage et courageuse, approuva Dumbledore, mais je n’en attendais pas moins
de toi. Quelqu’un d’autre sait-il où elle est tombée ?
— Personne, assura Harry.
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