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Fleur Delacour Maugrey sortit alors de sous sa cape un flacon rempli d’une substance qui ressemblait à de la boue. Il n’eut pas besoin d’ajouter un mot. Harry comprit aussitôt le reste du plan.
— Non ! s’écria-t-il, sa voix résonnant dans toute la cuisine. Pas question !
— Je les avais prévenus que tu réagirais comme ça, dit Hermione en prenant un petit air supérieur.
— Si vous croyez que je vais laisser six personnes risquer leur vie…
— Comme si c’était une nouveauté pour nous, lança Ron.
— Prendre mon apparence, c’est très différent…
— Oh, tu sais, Harry, personne ici n’en a très envie, dit Fred avec sérieux. Imagine que quelque chose se passe mal et que nous soyons tous condamnés à rester à jamais des petits imbéciles binoclards et maigrichons.
Harry n’eut pas le moindre sourire.
— Vous ne pourrez pas y arriver si je ne coopère pas. Il faudrait que je vous donne des cheveux.
— En effet, voilà qui démolit complètement notre plan, dit George. Il est bien évident qu’il nous sera impossible de te prendre des cheveux si tu ne coopères pas.
— Ah oui, à treize contre un, et en plus quelqu’un qui n’a pas le droit d’utiliser la magie, nous n’avons aucune chance, remarqua Fred.
— Très drôle, répliqua Harry. Vraiment très amusant.
— S’il faut recourir à la force, nous le ferons, grogna Maugrey.
Monsieur Delacour était loin d’avoir le charme de son épouse. Il avait une tête de moins qu’elle, une silhouette très enveloppée et une barbichette noire et pointue, mais il semblait d’une bonne nature. Chaussé de bottes à talons hauts, il s’avança d’un pas bondissant vers Mrs Weasley et l’embrassa deux fois sur chaque joue, la laissant dans un état de grande confusion.
— Il ne fallait pas vous donner tant de mal, déclara-t-il d’une voix grave. Fleur nous a expliqué que vous avez eu un gros travail. Beaucoup de « ardoueurk », comme on dit chez vous.
Gabrielle ressemblait à Fleur en miniature. Elle avait onze ans et une longue chevelure d’un blond pur, argenté, qui lui tombait jusqu’à la taille. Elle adressa à Mrs Weasley un sourire éclatant et la serra dans ses bras, puis lança à Harry un regard de braise en battant des cils. Ginny s’éclaircit bruyamment la gorge.
— … et tes cheveux sont beaucoup trop longs, Ronald. Au début, je t’ai pris pour ta soeur Ginevra. Par la barbe de Merlin, comment Xenophilius Lovegood s’est-il accoutré ? On dirait une omelette. Et vous, qui êtes-vous ? aboya-t-elle à l’adresse de Harry.
— Ah oui, tante Muriel, voici notre cousin Barny.
— Un autre Weasley ? Ma parole, vous vous reproduisez comme des gnomes. Harry Potter n’est pas là ? J’espérais le rencontrer. Je croyais que c’était un de tes amis, Ronald, à moins que tu ne te sois
vanté ?
— Non, il n’est pas là… Il n’a pas pu venir…
— Mmmmh. Il a trouvé une excuse, hein ? Il n’est donc pas si niais qu’il en a l’air sur ses photos. Je
viens d’expliquer à la mariée comment il convient de porter ma tiare, cria-t-elle à Harry. Elle a été fabriquée par des gobelins, figurez-vous, et ça fait des siècles qu’elle est dans ma famille. C’est une jolie fille mais il n’empêche qu’elle est… française. Voyons, voyons, trouve-moi un bon siège, Ronald, j’ai cent sept ans et il ne faut pas que je reste debout trop longtemps.
— On peut se mettre à côté de toi ? demanda Ron.
— Bien sûr, répondit-elle d’un ton joyeux. Papa est allé donner notre cadeau à Bill et à Fleur. [Luna]
— Qu’est-ce que c’est, une provision à vie de Ravegourdes ? dit Ron.
Jamais encore il n’avait assisté à un mariage, il ne pouvait donc pas savoir en quoi les célébrations des sorciers différaient de celles des Moldus mais il était quasiment sûr que, chez ces derniers, on ne voyait pas de pièce montée ornée de deux petits phénix qui s’envolaient lorsqu’on coupait le gâteau, ni de bouteilles de champagne passant toutes seules parmi la foule des invités. À mesure que le soir tombait et que les papillons de nuit commençaient à s’engouffrer sous le dais, éclairé à présent par des lanternes flottantes, les réjouissances devenaient de plus en plus débridées. Fred et George avaient disparu depuis longtemps dans l’obscurité en compagnie de deux cousines de Fleur. Charlie, Hagrid et un petit sorcier trapu coiffé d’un canotier violet chantaient Odo le héros dans un coin.
Se faufilant dans la foule pour échapper à un oncle de Ron, manifestement ivre, qui se demandait
s’il n’était pas son fils.
Luna, emmitouflée dans un manteau de Fleur, s’accroupit et posa tendrement les doigts sur les paupières de l’elfe qu’elle abaissa sur son regard vitreux.
— Voilà, dit-elle avec douceur. Maintenant, c’est comme s’il dormait.
— C’est un garçon ! Nous l’avons appelé Ted, comme le père de Dora !
Hermione poussa un cri perçant.
— Que… Tonks ? Tonks a eu son bébé ?
— Oui, oui, elle a eu son bébé ! hurla Lupin.
Des exclamations de joie et des soupirs de soulagement s’élevèrent tout autour de la table.
Hermione et Fleur lancèrent d’une petite voix aiguë : « Félicitations ! » et Ron ajouta : « Nom d’une
gargouille, un bébé ! » comme s’il n’avait jamais entendu parler d’une chose pareille.
— Oui… Oui… un garçon, répéta Lupin qui semblait ébloui par son propre bonheur.
— J’arrive trop tard ? C’est déjà commencé ? Je viens seulement d’apprendre ce qui se passait, et
je… je…
Les balbutiements de Percy s’évanouirent dans le silence. Visiblement, il ne s’était pas attendu à
tomber sur sa famille presque au complet. Il y eut un long moment de stupéfaction, enfin brisé par Fleur
qui se tourna vers Lupin. Dans une tentative cousue de fil blanc, elle s’efforça de rompre la tension en
demandant :
— Au fait… Comment va le petit Teddy ?
Lupin sursauta, interloqué. Le silence qui s’était établi entre les Weasley semblait se solidifier,
comme de la glace.
— Je… Oui… il va très bien ! répondit Lupin d’une voix sonore. Tonks est avec lui… chez sa mère.
Percy et les autres Weasley continuaient de s’observer, pétrifiés.