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Harry Potter et les Reliques de la MortChapitre 35 - King's Cross Nouveau silence. Harry ne demanda pas si Dumbledore avait jamais découvert qui avait foudroyé Ariana. Il ne voulait pas le savoir, il voulait encore moins obliger Dumbledore à le lui dire. Au moins savait-il maintenant ce que Dumbledore voyait quand il regardait le Miroir du Riséd et pourquoi il avait si bien compris la fascination que ce miroir exerçait sur Harry.
— Sans le vouloir, comme tu le sais maintenant, Lord Voldemort a doublé le lien entre vous deux quand il a repris une forme humaine. Une partie de son âme était toujours attachée à la tienne et, pensant qu’il allait se renforcer, il a introduit en lui une parcelle du sacrifice de ta mère. S’il avait pu comprendre exactement la terrible puissance de ce sacrifice, peut-être n’aurait-il pas osé toucher à ton sang… Mais s’il avait été capable de comprendre, il ne serait pas Lord Voldemort, et n’aurait peut-être jamais assassiné personne.
— Les reliques, les reliques, murmura Dumbledore. Un rêve que poursuit l’homme avec acharnement !
— Mais elles sont réelles ! [Harry]
— Réelles et dangereuses, un leurre pour les sots, répliqua Dumbledore. Et sot, je l’étais tellement. [...] Maître de la Mort, Harry, maître de la Mort ! Étais-je finalement meilleur que Voldemort ?
— Bien sûr que ça se passe dans ta tête, Harry, mais pourquoi donc faudrait-il en conclure que ce n’est pas réel ?
— Mais si Voldemort a utilisé le sortilège d’Avada Kedavra, reprit Harry, et que, cette fois, personne
n’a succombé à ma place… comment puis-je être encore vivant ?
— Je crois que tu le sais, répliqua Dumbledore. Repense au passé. Souviens-toi de ce qu’il a fait
dans son ignorance, sa cupidité, sa cruauté. [...]
— Il a pris mon sang, dit Harry.
— Exactement ! s’exclama Dumbledore. Il a pris ton sang et s’en est servi pour se reconstruire un
corps vivant ! Ton sang circule dans ses veines, Harry. La protection de Lily se trouve en vous deux. Il
te rattache à la vie tant que lui-même est vivant !
— Pourras-tu jamais me pardonner ? demanda-t-il. Pourras-tu me pardonner de n’avoir pas eu
confiance en toi ? De ne pas t’avoir mis au courant ? Harry, j’avais simplement peur que tu échoues comme moi-même j’avais échoué. J’avais peur que tu répètes les mêmes erreurs que moi. J’implore ton pardon. Depuis un certain temps, maintenant, je sais que tu es le meilleur de nous deux.
— Tu étais le septième Horcruxe, Harry, l’Horcruxe qu’il n’avait pas eu l’intention de créer. Il avait rendu son âme si instable qu’elle s’est brisée quand il a commis ces actes d’une malfaisance indescriptible, le meurtre de tes parents, la tentative d’assassinat sur un enfant. Mais ce qui restait de lui lorsqu’il s’est échappé de cette pièce ce soir-là était encore plus diminué qu’il ne le croyait. Il a laissé derrière lui plus que son corps. Il a aussi laissé une partie de lui-même accrochée à toi, la victime désignée qui avait survécu.
— Pendant ce temps, on m’avait offert le poste de ministre de la Magie, non
pas une mais plusieurs fois Naturellement, j’ai refusé. J’avais appris qu’il valait mieux ne pas me confier le pouvoir.
— Mais vous auriez été bien, bien meilleur que Fudge ou que Scrimgeour ! s’exclama Harry.
— Vraiment ? demanda Dumbledore d’un ton lourd. Je n’en suis pas si sûr. J’avais donné la preuve, dans mes jeunes années, que le pouvoir était ma faiblesse et ma tentation. C’est une chose curieuse à
dire, Harry, mais peut-être que les plus aptes à exercer le pouvoir sont ceux qui ne l’ont jamais recherché. Ceux qui, comme toi, reçoivent la responsabilité du commandement et endossent ce manteau parce qu’ils le doivent, puis s’aperçoivent, à leur grande surprise, qu’ils le portent très bien.
— Pourquoi fallait-il que vous rendiez les choses si difficiles ? [Harry]
Dumbledore eut un sourire timide.
— J’ai peur de le dire, mais je comptais sur Miss Granger pour te ralentir, Harry. Je craignais que ton tempérament emporté ne domine ton bon coeur. Je redoutais qu’en t’exposant ouvertement la vérité sur ces objets tentateurs, tu ne t’empares des reliques comme je l’ai fait, au mauvais moment et pour de mauvaises raisons. Si tu parvenais à mettre la main dessus, je voulais que tu les possèdes sans courir de danger. Tu es le vrai maître de la Mort parce que, la mort, le vrai maître ne cherche pas à la fuir. Il accepte le fait qu’il doit mourir et comprend qu’il y a dans le monde des vivants des choses pires, bien
pires, que la mort.
L’endroit était vide. Il était la seule personne présente, en dehors de…
Il eut un mouvement de recul. Il venait de voir la chose qui produisait tous ces bruits. Elle avait la forme d’un petit enfant nu, recroquevillé par terre, la peau à vif, rêche, comme écorchée, et reposait,
frissonnante, sous le siège où on l’avait laissée, rejetée, cachée à la vue, luttant pour respirer.
Harry en avait peur. Même si la créature était fragile, toute petite, blessée, il ne voulait pas s’en approcher. Il s’avança cependant un peu plus, prêt à bondir en arrière à tout moment. Bientôt, il en fut suffisamment proche pour la toucher, mais ne put se résoudre à le faire. Il se sentit lâche. Il aurait dû essayer de la réconforter, mais il éprouvait de la répulsion.
— Tu ne peux pas l’aider.
Il pivota sur ses talons. Albus Dumbledore marchait vers lui, droit et fringant, vêtu d’une longue robe bleu nuit.
— Harry.
Il ouvrit largement les bras et ses mains étaient toutes deux blanches et intactes.
— Tu es décidément un garçon merveilleux ! Un homme courageux, très courageux ! Viens avec moi.