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Rufus Scrimgeour Le Patronus ouvrit alors largement
sa gueule et parla avec la voix lente, forte, profonde, de Kingsley Shacklebolt :
— Le ministère est tombé. Scrimgeour est mort. Ils arrivent !
— Avez-vous l’intention de faire carrière dans la justice magique, Miss Granger ? interrogea Scrimgeour.
— Non, pas du tout, répliqua Hermione. J’espère plutôt pouvoir faire un peu de bien dans le monde !
Ron éclata de rire.
— Pourquoi pensez-vous que…
— Dumbledore ait voulu me donner l’épée ? acheva Harry, qui s’efforçait de rester calme. Peut-être pensait-il qu’elle irait bien sur le mur de mon salon ?
— Ce n’est pas une plaisanterie, Potter ! grogna Scrimgeour. Était-ce parce que Dumbledore croyait
que seule l’épée de Gryffondor pouvait vaincre l’héritier de Serpentard ? Souhaitait-il vous la confier
parce qu’il était convaincu, comme beaucoup d’autres, que vous êtes destiné à anéantir Celui-Dont-On-
Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom ?
— Intéressante théorie, commenta Harry. Quelqu’un a-t-il déjà tenté de passer une épée au travers
du corps de Voldemort ? Le ministère devrait peut-être envoyer quelques-uns de ses employés étudier la
question plutôt que de leur faire perdre leur temps à démonter des Déluminateurs ou à cacher au public
les évasions d’Azkaban. C’est donc ainsi que vous occupez vos journées, monsieur le ministre, enfermé
dans votre bureau à essayer d’ouvrir un Vif d’or ? Des gens meurent, c’est ce qui a failli m’arriver,
Voldemort m’a poursuivi à travers trois comtés, il a tué Maugrey Fol OEil, mais le ministère n’en a pas
dit un mot, n’est-ce pas ? Et vous pensez toujours que nous allons coopérer avec vous ?
— Vous allez trop loin ! s’écria Scrimgeour en se levant.
Scrimgeour se pencha à nouveau et posa le Vif d’or, lentement, délibérément, dans la paume de Harry.
Rien ne se produisit. Lorsque Harry referma les doigts sur le Vif, ses ailes fatiguées battirent un instant puis s’immobilisèrent. Scrimgeour, Ron et Hermione observaient avec des yeux avides la petite balle à moitié cachée, comme s’ils espéraient qu’elle allait se transformer en quelque chose d’autre.
— Voilà qui est spectaculaire, dit froidement Harry.
Ron et Hermione éclatèrent de rire.
— Dumbledore a dû avoir des milliers d’élèves, insista Scrimgeour. Pourtant vous êtes tous les trois les seuls dont il se souvienne dans son testament. Pour quelles raisons ? Quel usage pensait-il que vous feriez de ce Déluminateur, Mr Weasley ?
— Il pensait que j’éteindrais les lumières, j’imagine, grommela Ron. À quoi ça peut servir d’autre ?
— J’ai remarqué que votre gâteau d’anniversaire avait la forme d’un Vif d’or, dit Scrimgeour à Harry. Pour quelle raison ?
Hermione eut un rire moqueur.
— Ça ne peut certainement pas être une allusion au fait que Harry est un remarquable attrapeur, ce serait trop évident, lança-t-elle. Il doit sûrement y avoir un message secret de Dumbledore caché dans la crème Chantilly.
— Je ne crois pas qu’il y ait quoi que ce soit caché dans la crème, répliqua Scrimgeour, mais un Vif d’or serait certainement une bonne cachette pour dissimuler un petit objet. Vous savez sûrement pourquoi ?
Harry haussa les épaules. Ce fut Hermione qui répondit. Harry pensa que l’habitude de donner les bonnes réponses aux questions était tellement ancrée en elle qu’elle s’était transformée en un besoin irrépressible.
— Parce que les Vifs d’or ont une mémoire tactile, dit-elle.
— Quoi ? s’exclamèrent Harry et Ron d’une même voix.
Tous deux avaient toujours considéré comme négligeables les connaissances d’Hermione en matière de Quidditch.
— D’après ce qu’on dit, vous étiez avec lui quand il a quitté l’école, la nuit où il est mort.
— Qui dit cela ? demanda Harry.
— Quelqu’un a stupéfixé un Mangemort au sommet de la tour, après la mort de Dumbledore. Il y avait également deux balais là-haut. Le ministère n’est pas stupide, Harry.
— Content de l’apprendre, répliqua Harry. Eh bien, sachez que l’endroit où je suis allé avec Dumbledore et ce que j’y ai fait ne regarde que moi. Il ne voulait pas que cela se sache.
— Pendant ce temps, on m’avait offert le poste de ministre de la Magie, non
pas une mais plusieurs fois Naturellement, j’ai refusé. J’avais appris qu’il valait mieux ne pas me confier le pouvoir.
— Mais vous auriez été bien, bien meilleur que Fudge ou que Scrimgeour ! s’exclama Harry.
— Vraiment ? demanda Dumbledore d’un ton lourd. Je n’en suis pas si sûr. J’avais donné la preuve, dans mes jeunes années, que le pouvoir était ma faiblesse et ma tentation. C’est une chose curieuse à
dire, Harry, mais peut-être que les plus aptes à exercer le pouvoir sont ceux qui ne l’ont jamais recherché. Ceux qui, comme toi, reçoivent la responsabilité du commandement et endossent ce manteau parce qu’ils le doivent, puis s’aperçoivent, à leur grande surprise, qu’ils le portent très bien.
— Racontez-nous ce qui s’est passé après notre départ, nous n’avons plus eu aucune nouvelle depuis que le père de Ron nous a fait savoir que la famille était en sécurité.
— Eh bien, Kingsley nous a sauvés, répondit Lupin. Grâce à son avertissement, la plupart des invités ont pu transplaner avant l’arrivée des autres.
— Étaient-ce des Mangemorts ou des gens du ministère ? interrogea Hermione.
— Un mélange des deux. En fait, c’est la même chose, maintenant, affirma Lupin. Ils étaient environ une douzaine mais ils ignoraient que tu étais là, Harry. Arthur a entendu une rumeur selon laquelle ils auraient torturé Scrimgeour pour essayer de lui faire dire où tu te trouvais avant de le tuer. Si c’est vrai, il ne t’a pas trahi.
Harry regarda Ron et Hermione. Leur expression reflétait l’effarement mêlé de gratitude qu’il ressentait. Il n’avait jamais beaucoup aimé Scrimgeour mais, si ce que Lupin disait était vrai, sa dernière
action avait été de protéger Harry.
— Je ne comprends pas très bien ce que vous voulez, répondit Harry avec lenteur. « Soutenir le ministère »… qu’est-ce que ça signifie ?
— Oh, rien de très contraignant, je peux vous l’assurer. Si par exemple, on vous voyait entrer au ministère ou en sortir de temps en temps, ce serait suffisant pour faire bonne impression. Et bien sûr, quand vous seriez là-bas, vous auriez toutes possibilités de vous entretenir avec Gawain Robards, mon successeur comme directeur du Bureau des Aurors. Dolores Ombrage m’a dit que vous nourrissiez l’ambition de devenir Auror. Voilà quelque chose qu’on pourrait très facilement arranger…
Harry sentit la colère bouillonner au creux de son estomac. Ainsi donc, Dolores Ombrage était toujours au ministère ?