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Augusta Londubat À ce moment-là, ils ont dû estimer qu’il n’y avait plus qu’un seul moyen de m’arrêter et ils s’en sont pris à ma grand-mère.
— Quoi ? s’exclamèrent Harry, Ron et Hermione d’une même voix.
— Oui, dit Neville, qui haletait un peu à cause de la pente raide que suivait le passage. On comprend leur raisonnement. Ils avaient obtenu de très bons résultats en kidnappant des élèves pour
obliger leur famille à rentrer dans le rang, il fallait s’attendre à ce qu’ils appliquent la même méthode dans l’autre sens. Seulement voilà – il se tourna pour leur faire face et Harry fut étonné de le voir sourire –, ils ne savaient pas à quoi ils s’exposaient avec ma grand-mère. Une petite vieille qui vivait
seule, ils ont sans doute pensé qu’il était inutile d’envoyer quelqu’un de très qualifié. Le résultat, s’esclaffa Neville, c’est que Dawlish est toujours à Ste Mangouste et que ma grand-mère est en fuite.
Elle m’a envoyé une lettre – il tapota la poche de poitrine de sa robe – pour me dire qu’elle était fière de moi, que j’étais le digne fils de mes parents et que je devais continuer comme ça.
— Cool, ta grand-mère, dit Ron.
— Oui, approuva Neville d’un air joyeux.
— C’est Londubat, n’est-ce pas ? dit Lucius Malefoy d’un ton narquois. Ta grand-mère a l’habitude de perdre des membres de sa famille pour les besoins de notre cause… Ta mort ne représentera pas un grand choc pour elle.
— Tu devrais entendre ma grand-mère quand elle en parle. « Ce Harry Potter a une plus grande force morale que tout le ministère de la Magie réuni ! » Elle donnerait n’importe quoi pour t’avoir comme petit-fils…
Harry eut un rire gêné et changea de sujet, parlant plutôt des résultats des BUSE. [...]
L’enfance de Neville avait été dévastée par Voldemort autant que celle de Harry, mais Neville ignorait qu’il avait bien failli connaître la même destinée. La prophétie pouvait se rapporter à l’un ou l’autre d’entre eux bien que, pour des raisons insondables qui n’appartenaient qu’à lui, Voldemort eût choisi de croire que Harry était le seul concerné.
Si Voldemort avait choisi Neville, ce serait lui qui aurait une cicatrice en forme d’éclair sur le front et le poids de la prophétie sur ses épaules… mais en serait-il vraiment ainsi ? La mère de Neville aurait-elle sacrifié sa vie pour le sauver, comme Lily l’avait fait pour épargner Harry ? Oui, sûrement… Que serait-il arrivé, cependant, si elle n’avait pas pu s’interposer entre son fils et Voldemort ? Y aurait-il eu alors un « Élu » ? Un siège vide là où Neville était à présent assis et un Harry sans cicatrice que sa propre mère aurait embrassé sur le front pour lui dire au revoir, et non pas celle de Ron ?
— Il n’y a pas de quoi en avoir honte ! poursuivit Mrs Londubat avec colère. Tu devrais au contraire être fier, Neville, tu m’entends ? Fier ! Ils n’ont pas sacrifié leur santé et leur équilibre mental pour que leur fils unique ait honte d’eux !
— Je n’ai pas honte, répondit Neville d’une toute petite voix en évitant toujours de regarder les autres.
Ron s’était dressé sur la pointe des pieds pour essayer de voir les occupants des deux lits.
— Eh bien, tu as une drôle de façon de le montrer ! répliqua Mrs Londubat. Mon fils et son épouse, continua-t-elle en se tournant d’un air hautain vers Harry et les trois autres, ont
été torturés jusqu’à en perdre la raison par les partisans de Vous-Savez-Qui.
Neville, en revanche, n'était jamais monté sur un balai. Sa grand-mère s'y était toujours opposée. Harry songeait en son for intérieur que c'était une sage décision, étant donné le nombre incroyable d'accidents que Neville avait déjà eu dans sa vie en restant les deux pieds sur terre.
— Qu'est-ce qui se passe ? demanda Harry.
— Elle... elle m'a envoyé une Beuglante, dit Ron d'une voix faible.
— Tu ferais mieux de l'ouvrir tout de suite, murmura timidement Neville. Sinon, ce sera pire. Ma grand-mère m'en a envoyé une un jour, je ne l'ai pas ouverte et... ça a été horrible.