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Sibylle Trelawney — Mais je crois que je n’ai jamais vu quelqu’un qui ait un tel don pour les potions ! poursuivit-il en regardant Harry d’un oeil affectueux quoique injecté de sang. C’est instinctif, chez lui – comme chez sa mère ! Je n’ai connu que très peu d’élèves qui aient ce genre d’aptitude, je peux vous le dire, Sibylle – même Severus…
À la grande horreur de Harry, Slughorn tendit le bras et amena Rogue vers eux comme s’il venait de le tirer du néant.
— Allons, arrêtez de faire la tête et venez avec nous, Severus ! hoqueta Slughorn, la mine réjouie. Je parlais justement des talents extraordinaires de Harry pour préparer les potions ! J’imagine bien sûr que vous y êtes pour quelque chose, puisque vous avez été son professeur pendant cinq ans !
Coincé par Slughorn qui lui avait passé un bras autour des épaules, Rogue baissa le regard vers Harry en plissant ses petits yeux noirs de chaque côté de son nez crochu.
— C’est drôle, je n’ai pas eu l’impression de réussir à enseigner quoi que ce soit à Potter.
— Alors, c’est une disposition naturelle ! s’exclama Slughorn. Vous auriez dû voir ce qu’il m’a montré dès le premier cours, un philtre de Mort Vivante. Je n’avais jamais vu quelqu’un en obtenir un aussi remarquable dès son premier essai, je ne pense pas que vous-même, Severus…
— Vraiment ? dit Rogue à voix basse, ses yeux vrillant toujours ceux de Harry qui ressentit une certaine appréhension.
Pour rien au monde il n’aurait voulu que Rogue se mette à rechercher la source de sa soudaine virtuosité dans la préparation des potions.
— Professeur Dumbledore, dit-il. Hier, quand j'ai passé mon examen de Divination, le professeur Trelawney est devenue très... très bizarre.
— Vraiment ? Tu veux dire plus bizarre que d'habitude ?
– J'ai deux Neptune, dit Harry au bout d'un moment, fronçant les yeux devant son morceau de parchemin. Il doit y avoir une erreur, non ?
– Aaaaah, dit Ron en imitant le murmure mystérieux du professeur Trelawney, quand deux Neptune apparaissent dans le ciel, c'est le signe qu'un nain à lunettes est en train de naître, mon pauvre garçon...
Seamus et Dean, qui se trouvaient tout près d'eux, éclatèrent de rire, mais pas assez fort pour couvrir les petits cris surexcités de Lavande Brown.
– Oh, professeur, regardez ! s'écria-t-elle. Je crois que j'ai une planète bizarre ! Oooh, qu'est-ce que c'est, professeur ?
– C'est la Lune, ma chérie, répondit le professeur Trelawney en regardant sa carte du ciel.
– Est-ce que je pourrais voir ta lune, Lavande ? demanda Ron.
— Je n'ai pas la moindre idée de ce que tout ça peut bien signifier, dit-il en contemplant une longue colonne de calculs.
— Tu sais, répondit Ron, les cheveux dressés sur sa tête à force d'y avoir passé la main dans des gestes d'exaspération, je crois qu'il vaut mieux revenir à la bonne vieille méthode de divination sans peine...
— Tu veux dire... Tout inventer ?
— Exactement.
Il balaya d'un geste les morceaux de parchemin griffonnés, trempa sa plume dans l'encre et se mit à écrire.
— Lundi prochain, dit-il tout en écrivant, il y a de fortes chances que j'attrape une mauvaise toux en raison de la conjonction défavorable de Mars et de Jupiter.
Il leva les yeux vers Harry.
— Tu la connais, avec elle, il suffit de raconter tout un tas de malheurs et elle gobe tout.
— Tu as raison, approuva Harry.
— Il se passera encore beaucoup de choses avant que Harry ait fini ce tournoi, dit-elle [Hermione] d'un ton grave. Si c'était ça, la première tâche, je préfère ne pas penser à ce qui viendra après.
— Toi, au moins, tu sais t'y prendre pour remonter le moral des autres ! dit Ron. Un de ces jours, tu devrais faire équipe avec le professeur Trelawney.
— Mon cher garçon ! murmura-t-elle, la voix bien timbrée. Les rumeurs ! Les histoires ! L’Élu ! Bien sûr, je savais tout cela depuis très longtemps… Les présages n’étaient jamais bons, Harry… Mais pourquoi n’êtes-vous pas retourné aux cours de divination ? Pour vous, plus que pour tout autre, c’est une matière de la plus haute importance !
— Ah, Sibylle, nous pensons tous que nos matières sont les plus importantes ! fit remarquer une voix tonitruante. [Slughorn]
— J'étais en train de dire, mon pauvre garçon, que vous êtes né, de toute évidence, sous l'influence maléfique de Saturne, déclara le professeur Trelawney, avec une nuance de reproche dans la voix pour lui avoir témoigné si peu d'attention.
— Né sous... quoi, pardon ? dit Harry.
— Saturne, mon garçon, la planète Saturne ! répéta-t-elle, manifestement agacée de constater que la nouvelle le laissait toujours aussi indifférent. Je disais que Saturne occupait certainement une position dominante dans le ciel au moment de votre naissance... Vos cheveux noirs... votre taille moyenne... Une perte tragique à un âge si jeune... Je pense ne pas me tromper, mon pauvre chéri, en affirmant que vous êtes né en plein hiver ?
— Je suis né en juillet, dit Harry.
— Oui, répondit Harry. Professeur, j'étais au cours de divination et... heu... je me suis endormi...
Il hésita en se demandant s'il allait s'attirer une réprimande, mais Dumbledore se contenta de dire :
— C'est très compréhensible. Vas-y, continue.
— Les signes du destin m'ont informée que votre examen de fin d'année portera sur la Sphère et je tiens à ce que vous y soyez bien préparés.
— Non, mais vraiment... « Les signes du destin l'ont informée... » Qui est-ce qui décide du sujet de l'examen ? C'est elle ! Tu parles d'une prédiction ! dit Hermione avec un petit rire, sans se soucier de baisser la voix.
Le Professeur Trelawney s'adressant à sa classe et Hermione chuchotant à l'oreille de Harry et Ron
Personnages concernés : Sibylle Trelawney, Hermione Granger
Mais Hermione avait raison, pensa Harry avec agacement, le professeur Trelawney n'avait jamais raconté que des mensonges. [...] Depuis longtemps, Harry en était arrivé à la conclusion qu'elle devait sa réputation de voyante à quelques coups de chance dans ses prédictions et à son comportement soigneusement étudié pour faire froid dans le dos.