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Harry Potter — Je suis Drago Malefoy, c’est moi, Drago, je suis dans votre camp !
Drago, en haut des marches, suppliait un autre Mangemort masqué de l’épargner. Harry stupéfixa le
Mangemort au passage. Malefoy, soudain rayonnant, regarda autour de lui, cherchant son sauveur, mais
Ron lui donna un coup de poing à travers la cape. Malefoy tomba en arrière sur le Mangemort
inconscient, la bouche ensanglantée, proprement stupéfait.
— C’est la deuxième fois qu’on te sauve la vie, ce soir, abominable faux-jeton ! lança Ron.
— Non, Maître, mais je vous supplie de me laisser y retourner. Laissez-moi retrouver Potter. [Rogue]
— On croirait entendre Lucius. Ni l’un ni l’autre vous ne comprenez Potter comme je le comprends. Il est inutile de le chercher. Potter viendra à moi. Je connais sa faiblesse, vois-tu, son plus grand défaut. Il ne supportera pas de voir les autres tomber autour de lui en sachant que c’est pour lui qu’ils meurent. Il voudra arrêter cela à tout prix. Il viendra.
— La Baguette de Sureau ne peut m’obéir pleinement, Severus, parce que je ne suis pas son vrai maître. Elle appartient au sorcier qui a tué son ancien propriétaire. C’est toi qui as tué Albus Dumbledore et tant que tu vivras, la Baguette de Sureau ne pourra m’appartenir véritablement.
— Maître ! protesta Rogue en levant sa propre baguette magique.
— Il ne peut en être autrement, répliqua Voldemort. Je dois maîtriser cette baguette, Severus. Maîtriser la baguette pour maîtriser enfin Potter.
D’un mouvement du bras, Voldemort donna un grand coup dans le vide avec la Baguette de Sureau. Ce geste n’eut aucun effet sur Rogue qui, pendant une fraction de seconde, sembla penser qu’il avait été épargné. Mais l’intention du Seigneur des Ténèbres devint très vite manifeste. La cage du serpent tournoya dans les airs et avant que Rogue ait pu faire autre chose que pousser un cri, elle lui avait entouré la tête et les épaules. Voldemort s’exprima alors en Fourchelang :
— Tue.
Il y eut un horrible hurlement. Harry vit le visage de Rogue perdre ses dernières traces de couleur. Il blêmit, ses yeux noirs s’écarquillèrent et les crochets du serpent s’enfoncèrent dans son cou, tandis qu’il
essayait vainement de se dégager de la cage ensorcelée. Bientôt, ses genoux se dérobèrent et il s’effondra sur le sol.
— Je regrette, dit froidement Voldemort.
Il ne savait pas pourquoi il agissait ainsi, pourquoi il s’approchait du mourant. Il ne savait même pas très bien ce qu’il ressentait en voyant le visage livide de Rogue et ses doigts qui essayaient d’étancher la plaie sanglante de son cou. Il enleva la cape d’invisibilité et baissa le regard vers l’homme qu’il haïssait. Les yeux de Rogue se posèrent sur Harry. Il essaya de parler. Lorsque Harry se pencha, Rogue saisit le devant de sa robe et l’attira vers lui. Un râle, un gargouillement abominable sortit de sa gorge.
— Prenez-… les… Prenez-… les…
Quelque chose d’autre que du sang ruisselait du visage de Rogue. D’un bleu argenté, ni gaz, ni liquide, la substance jaillissait de sa bouche, de ses oreilles, de ses yeux. Harry savait ce que c’était, mais ne savait que faire…
Hermione glissa alors dans ses mains tremblantes une flasque, surgie de nulle part. À l’aide de sa baguette, Harry y versa la substance argentée. Lorsque la flasque fut pleine et que Rogue sembla ne plus avoir en lui une goutte de sang, l’étreinte de sa main sur la robe de Harry se desserra.
— Regardez-… moi, murmura-t-il.
Les yeux verts de Harry croisèrent les yeux noirs de Rogue mais un instant plus tard, quelque chose sembla s’éteindre au fond du regard sombre qui devint fixe, terne, vide. La main qui tenait encore Harry retomba avec un bruit sourd et Rogue ne bougea plus.
— Très bien, très bien. Mais ne le dites jamais à personne, Dumbledore, jamais à personne ! Cela doit rester entre nous ! Jurez-le ! Je ne peux pas supporter… Surtout le fils de Potter… Je veux votre parole !
— Vous voulez ma parole, Severus, que je ne révélerai jamais ce qu’il y a de meilleur en vous ? soupira Dumbledore en baissant les yeux sur le visage à la fois féroce et angoissé de Rogue. Si vous insistez…
— Si elle a tant d’importance à vos yeux, reprit Dumbledore, Lord Voldemort l’épargnera sûrement. Ne pouvez-vous lui demander la grâce de la mère en échange de son fils ?
— Je… Je l’ai déjà demandée…
— Vous me dégoûtez ! coupa Dumbledore.
Harry n’avait jamais entendu un tel mépris dans sa voix. Rogue sembla se ratatiner.
— Qu’est-ce que vous faites avec Potter pendant toutes ces soirées où vous êtes enfermés tous les deux ? demanda brusquement Rogue.
Dumbledore eut un air las.
— Pourquoi ? Vous voudriez lui infliger encore plus de retenues, Severus ? Ce garçon aura bientôt passé plus de temps en retenue que dehors.
— On dirait que c’est son père qui est revenu…
— Dans son apparence physique, peut-être, mais sa nature profonde est plus proche de celle de sa mère.
— Il est essentiel que je fournisse à ce garçon suffisamment d’éléments pour qu’il puisse accomplir la tâche qui lui incombe. [Dumbledore]
— Et pourquoi ne puis-je prendre connaissance de ces mêmes éléments ? [Rogue]
— Je préfère ne pas mettre tous mes secrets dans le même panier, surtout dans un panier qui passe autant de temps accroché au bras de Lord Voldemort.
— Voldemort redoute cette connexion, dit Dumbledore. Il n’y a pas si longtemps, il a eu un avant-goût
de ce que pouvait signifier pour lui le fait de partager véritablement l’esprit de Harry. Jamais il
n’avait connu une telle douleur et je suis sûr qu’il ne tentera plus de le posséder. Pas de cette manière,
en tout cas.
— Je ne comprends pas.
— L’âme de Voldemort, mutilée comme elle l’est, ne peut supporter un contact étroit avec une âme
comme celle de Harry. Telle la langue sur l’acier gelé, ou la chair dans le feu…
— L’âme ? Nous parlions d’esprit !
— Dans le cas de Harry et de Lord Voldemort, quand on parle de l’un, on parle aussi de l’autre.
— Lui révéler quoi ?
Dumbledore respira profondément et ferma les yeux.
— Lui révéler que le soir où Voldemort a essayé de le tuer, lorsque Lily a dressé entre eux deux sa propre vie comme un bouclier, le sortilège de Mort a ricoché sur le Seigneur des Ténèbres et qu’un fragment de son âme lui a été arraché. Ce fragment s’est accroché à la seule âme vivante qui restait dans cette maison dévastée. Une partie de Lord Voldemort vit ainsi à l’intérieur de Harry. C’est cela qui lui donne le pouvoir de parler aux serpents et qui établit avec Lord Voldemort une connexion dont il n’a
jamais compris la nature. Et tant que ce fragment d’âme, à l’insu de Voldemort, reste attaché à Harry et
protégé par lui, Lord Voldemort ne peut mourir.
Harry avait l’impression de voir les deux hommes à l’autre bout d’un long tunnel, tant ils lui
semblaient loin, leurs voix résonnant à ses oreilles comme un étrange écho.
— Alors, ce garçon… ce garçon doit mourir ? interrogea Rogue avec un certain calme.
— Et Voldemort devra le tuer de sa main, Severus. C’est essentiel.
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