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Harry Potter et les Reliques de la Mort — Ce vieil imbécile, marmonna Abelforth. [...] Il a toujours pensé que mon frère répandait le soleil par tous ses orifices, il en était convaincu. Comme beaucoup d’autres, d’ailleurs, y compris vous trois, si j’en crois les apparences.
Mais l’image de Harry-Jedusor parlait à présent avec la voix de Voldemort et Ron, hypnotisé, fixait son visage.
— Pourquoi es-tu revenu ? Nous étions beaucoup mieux sans toi, beaucoup plus heureux, contents de ton absence… Nous nous moquions de ta stupidité, de ta lâcheté, de ta prétention…
— Ta prétention ! répéta en écho l’image d’Hermione-Jedusor, plus belle, mais aussi plus terrible que la véritable Hermione : elle se balançait, parlant d’une voix caquetante, devant Ron horrifié, cloué sur place, l’épée pendant inutilement à son côté. Qui donc pourrait te regarder, qui donc pourrait jamais te remarquer, à côté de Harry Potter ? Qu’as-tu jamais réussi à accomplir, comparé à l’Élu ?
Qui es-tu, comparé au Survivant ?
— Ron, transperce-le, TRANSPERCE-LE ! hurla Harry, mais Ron ne bougea pas. Il avait écarquillé ses yeux dans lesquels se reflétaient le Harry et l’Hermione-Jedusor, leurs cheveux dansant comme des flammes, leur regard rougeoyant, leurs voix aiguës se mêlant en un duo maléfique.
— Ta mère a avoué, reprit Harry-Jedusor d’un ton narquois, accompagné des ricanements de la
fausse Hermione, qu’elle aurait préféré m’avoir comme fils, qu’elle serait ravie de faire l’échange…
— Qui ne le préférerait pas ? Quelle femme te choisirait ? Tu n’es rien, rien, face à lui, susurra
Hermione-Jedusor.
— Si je sais… Mais bien entendu, je sais même sacrement bien conduire ! balbutia Vernon Dursley.
— Vous êtes très habile, monsieur, très habile. Moi-même, je serais complètement déboussolé, avec tous ces boutons et ces manettes, répondit Dedalus.
Il croyait ainsi flatter l’oncle Vernon mais, visiblement, la confiance de ce dernier dans le plan prévu diminuait à chaque mot que prononçait le sorcier.
— Ne sait même pas conduire, marmonna-t-il dans sa moustache frémissante d’indignation.
— Bonjour, Reg ! lança un autre sorcier, vêtu lui aussi d’une robe bleu marine.
Il entra dans une cabine en insérant un jeton doré dans une fente de la porte.
— C’est vraiment la galère, ce truc, tu ne trouves pas ? Nous obliger à passer par là pour aller
travailler ! Qu’est-ce qu’ils s’imaginent ? Que Harry Potter va débarquer ici ?
Le sorcier éclata d’un grand rire, amusé par sa propre plaisanterie. Ron se força à glousser.
— Ouais, dit-il, vraiment idiot, hein ?
— Quant à Albus, n’était-il pas libre,
désormais ? Libre du fardeau que représentait sa soeur, libre de devenir le plus grand sorcier de… [Abelforth Dumbledore]
— Il n’a jamais été libre, l’interrompit Harry.
— Je vous demande pardon ? dit Abelforth.
— Jamais, répéta Harry. Le soir où votre frère est mort, il a bu une potion qui lui a fait perdre la tête.
Il s’est mis à crier, à supplier quelqu’un qui n’était pas là. « Il ne faut pas leur faire de mal, par pitié…
C’est à moi qu’il faut faire du mal. » [...] Il se croyait de retour là-bas, avec vous et Grindelwald, je le sais, poursuivit Harry qui se
rappelait Dumbledore gémissant, suppliant. Il croyait voir Grindelwald en train de vous faire du mal, à
vous et à Ariana… Pour lui, c’était une torture, si vous l’aviez vu à ce moment-là, vous ne diriez pas
qu’il était libre.
— Le professeur Dumbledore aimait beaucoup Harry, dit Hermione à voix basse.
— Voyez-vous ça ? s’exclama Abelforth. Il est curieux de voir combien de gens que mon frère aimait beaucoup se sont retrouvés dans une situation bien pire que s’il les avait laissés tranquilles.
— Vous m’écrirez, hein ? demanda aussitôt Albus, tirant profit de l’absence momentanée de son frère.
— Tous les jours, si tu veux, proposa Ginny.
— Pas tous les jours, répliqua précipitamment Albus. James dit que la plupart des élèves ne reçoivent des lettres de chez eux qu’une fois par mois.
— Nous avons écrit à James trois fois par semaine, l’année dernière, dit Ginny.
— Et il ne faut pas croire tout ce qu’il te raconte sur Poudlard, ajouta Harry. Il aime bien se moquer de toi, ton frère.
— Mais si Voldemort a utilisé le sortilège d’Avada Kedavra, reprit Harry, et que, cette fois, personne
n’a succombé à ma place… comment puis-je être encore vivant ?
— Je crois que tu le sais, répliqua Dumbledore. Repense au passé. Souviens-toi de ce qu’il a fait
dans son ignorance, sa cupidité, sa cruauté. [...]
— Il a pris mon sang, dit Harry.
— Exactement ! s’exclama Dumbledore. Il a pris ton sang et s’en est servi pour se reconstruire un
corps vivant ! Ton sang circule dans ses veines, Harry. La protection de Lily se trouve en vous deux. Il
te rattache à la vie tant que lui-même est vivant !
— Écoutez ! répéta Harry.
— Non, Harry, c’est toi qui vas nous écouter, l’interrompit Hermione. On vient avec toi. La décision a été prise il y a des mois – des années, en fait.
— Espèce de sale petit singe ! brailla Bellatrix. Comment oses-tu désarmer une sorcière, comment
oses-tu défier tes maîtres ?
— Dobby n’a pas de maître ! répliqua l’elfe d’une voix aiguë. Dobby est un elfe libre et Dobby est
venu sauver Harry Potter et ses amis !
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