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Harry Potter et le Prince de Sang-MêléChapitre 15 - Le Serment Inviolable Même si Harry préférait de beaucoup voir un Ron réjoui et prompt à la plaisanterie plutôt que le personnage maussade et agressif qu’il avait supporté au cours des dernières semaines, il estimait un peu trop élevé le prix à payer pour cette amélioration. Tout d’abord, il devait subir la présence fréquente de Lavande Brown qui considérait chaque instant où elle n’embrassait pas Ron comme un instant perdu. Ensuite, Harry se retrouvait une fois de plus le meilleur ami de deux personnes qui semblaient ne plus jamais vouloir se parler.
— Il n’appartient pas à la bibliothèque, c’est le mien ! protesta Harry, saisissant son exemplaire du Manuel avancé de préparation des potions au moment où elle tendait une main en forme de griffes.
— Dégradé ! dit-elle d’une voix sifflante. Profané ! Souillé ! [Mme Pince]
— Quelqu’un a simplement écrit dedans ! s’exclama Harry en lui arrachant le livre des mains.
Elle paraissait au bord de l’attaque. Hermione, qui s’était hâtée de ranger ses affaires, attrapa Harry par le bras et l’entraîna de force.
— Si tu n’es pas plus prudent, elle va t’interdire l’accès à la bibliothèque. Pourquoi a-t-il fallu que tu apportes ce stupide livre ?
— Ce n’est pas ma faute si elle est complètement cinglée. Peut-être qu’elle t’a entendue dire du mal de Rusard ? J’ai toujours pensé qu’il pourrait bien y avoir quelque chose entre eux…
— Oh, oh, ha, ha…
Ses espoirs, cependant, étaient minces et ils s’amenuisèrent un peu plus après le cours de métamorphose qu’il dut subir le lendemain en leur compagnie. Ils venaient d’aborder le sujet extraordinairement complexe de la métamorphose humaine : travaillant face à des miroirs, ils étaient censés modifier la couleur de leurs sourcils. Hermione éclata d’un rire peu charitable en voyant la première tentative désastreuse de Ron qui s’arrangea pour se faire pousser une spectaculaire moustache en guidon de vélo. Ron répliqua par une imitation cruelle mais fidèle d’Hermione sautant sur sa chaise chaque fois que le professeur McGonagall posait une question. Lavande et Parvati s’amusèrent beaucoup mais Hermione était au bord des larmes. Dès que la cloche eut retenti, elle se rua hors de la salle en laissant derrière elle la moitié de ses affaires.
— Elle est un peu remuée, déclara Luna. Au début, j’ai cru entendre Mimi Geignarde mais en fait, c’était Hermione. Elle a dit quelque chose à propos de ce Ron Weasley…
— Oui, ils se sont disputés, expliqua Harry.
— Il est parfois très drôle, non ? remarqua Luna, tandis qu’ils repartaient ensemble dans le couloir. Mais il lui arrive de ne pas être très gentil. Ça m’avait déjà frappée l’année dernière.
— Oui, sans doute, admit Harry. Luna manifestait une fois de plus son talent habituel pour dire des vérités gênantes. Il ne connaissait personne d’autre qui ait un tel don.
— Potty a demandé à Loufoca de l’accompagner à la fête ! Potty aime Loufoca ! Potty aiiiiiiiime Louuuuuuufoca ! [Peaves]
Et il fila dans les airs, caquetant et hurlant :
— Potty aime Loufoca !
— C’est agréable d’avoir une vie privée, commenta Harry.
— Cormac ? s’étonna Parvati. Tu veux dire Cormac McLaggen ?
— Exactement, répondit Hermione d’une voix suave. Celui qui a failli – elle appuya lourdement sur le mot – devenir le gardien de Gryffondor.
— Tu sors avec lui ? demanda Parvati, les yeux ronds.
— Oui… Tu ne savais pas ? dit Hermione avec un gloussement de rire qui n’avait rien d’hermionien.
— Non ! s’exclama Parvati, surexcitée par cette confidence qui avait de quoi alimenter les ragots. Toi, au moins, on peut dire que tu aimes les joueurs de Quidditch ! D’abord Krum, maintenant McLaggen…
— J’aime les joueurs de Quidditch qui sont vraiment bons, rectifia Hermione, toujours souriante. À plus tard… Il faut que je me prépare pour aller à la soirée…
Harry médita en silence sur les extrémités auxquelles les filles étaient capables de recourir pour satisfaire leur désir de revanche.
— Oh, je viens juste d’échapper à… je veux dire, je viens de quitter Cormac, répondit-elle. Sous la branche de gui, ajouta-t-elle en guise d’explication devant le regard interrogateur de Harry.
— Ça t’apprendra à venir avec lui, dit-il d’un ton grave.
— J’ai pensé qu’il agacerait Ron plus que les autres, expliqua Hermione, la voix dénuée de toute passion. Pendant un moment, j’avais songé à Zacharias Smith mais tout bien considéré…
— Tu as envisagé de sortir avec Smith ? s’exclama Harry, révolté.
— Oui, et je commence à regretter de ne pas l’avoir choisi. À côté de McLaggen, Graup a l’air d’un gentleman. Viens, allons par là, on pourra le voir venir, il est tellement grand…
— Mettons les choses au net. Est-ce que tu as l’intention de raconter à Ron que tu es intervenue le jour des épreuves de sélection des gardiens ?
Hermione haussa les sourcils.
— Tu crois que je m’abaisserais à ce point ?
Harry la fixa d’un regard pénétrant.
— Hermione, si tu es capable de sortir avec McLaggen…
— Il y a une différence, répliqua Hermione avec dignité. Je ne dirai rien à Ron sur ce qui aurait pu se passer ou non le jour des essais.
— Tant mieux, approuva Harry avec ferveur. Sinon, il s’effondrerait à nouveau et on perdrait le prochain match…
— Le Quidditch ! s’exclama Hermione, courroucée. C’est donc tout ce qui intéresse les garçons ? Cormac ne m’a pas posé une seule question sur moi, non, j’ai simplement eu droit au récit intégral des Cent-Plus-Grands-Arrêts-de-Tir-De-Cormac-McLaggen… oh, le voilà !
— Mon cher garçon ! murmura-t-elle, la voix bien timbrée. Les rumeurs ! Les histoires ! L’Élu ! Bien sûr, je savais tout cela depuis très longtemps… Les présages n’étaient jamais bons, Harry… Mais pourquoi n’êtes-vous pas retourné aux cours de divination ? Pour vous, plus que pour tout autre, c’est une matière de la plus haute importance !
— Ah, Sibylle, nous pensons tous que nos matières sont les plus importantes ! fit remarquer une voix tonitruante. [Slughorn]