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Rubeus Hagrid — On a les essais de Quidditch, ce matin ! fit remarquer Ron. Et on est censés s’entraîner au sortilège de l’Aguamenti pour Flitwick ! De toute façon, qu’est-ce qu’il y a à expliquer ? Comment lui dire qu’on détestait sa stupide matière ?
— On ne la détestait pas ! protesta Hermione.
— Parle pour toi, répliqua Ron, la mine sombre. Je n’ai pas oublié les Scroutts. Et maintenant, je peux te le dire, on l’a échappé belle. Tu ne l’as pas entendu dans ses grands discours sur son crétin de frère – si on était restés à ses cours, on aurait fini par apprendre à Graup comment faire un noeud à ses lacets.
— Ça ne me plaît pas du tout d’être en froid avec Hagrid, dit Hermione qui paraissait bouleversée.
— On ira le voir après le Quidditch, lui assura Harry.
Hagrid lui manquait à lui aussi même si, tout comme Ron, il estimait préférable que Graup soit absent de leur vie.
À nouveau, Hagrid poussa un grognement en soufflant par le nez d’un air dédaigneux. Harry crut voir quelque chose tomber de ses narines sur les pommes de terre et il se félicita intérieurement de ne pas rester dîner.
Il avait vu Hagrid offrir un ours en peluche à un redoutable bébé dragon, susurrer des chansons à d’énormes scorpions dotés de dards et de ventouses, essayer de raisonner le géant féroce qu’était son demi-frère, mais parmi toutes ses passions pour les monstres, la plus incompréhensible était sans doute celle-ci : Aragog, la gigantesque araignée parlante, qui vivait au coeur de la Forêt interdite et à laquelle Ron et lui avaient échappé de justesse quatre ans auparavant.
— Est-ce que… est-ce qu’on peut faire quelque chose ? demanda Hermione sans prêter attention aux grimaces et aux hochements de tête frénétiques de Ron.
— Je ne crois pas, Hermione, sanglota Hagrid en essayant de contenir le flot de ses larmes. Tu sais, le reste de la tribu… la famille d’Aragog… ils deviennent un peu bizarres maintenant qu’il est malade… un peu agités…
— Oui, je crois qu’on avait déjà remarqué cet aspect de leur personnalité, dit Ron à mi-voix.
— Je pense qu’il ne serait pas prudent pour quelqu’un d’autre que moi de s’approcher d’eux en ce moment, conclut Hagrid.
Au détour d’un virage, il heurta violemment ce qui ressemblait à un ours gigantesque dressé sur ses pattes de derrière.
— Hagrid !
— Il l’a cru beaucoup plus vite que moi – quand vous lui avez annoncé qu’il était un sorcier, dit Harry. Moi, au début, je ne croyais pas Hagrid quand il me l’a révélé.
— Oui, Jedusor se montrait tout disposé à accepter l’idée qu’il était – pour employer ses propres termes – « quelqu’un d’exceptionnel », dit Dumbledore.
— Et… saviez-vous, à l’époque ? demanda Harry.
— Savais-je que je venais de rencontrer le plus dangereux mage noir de tous les temps ? Non, je n’avais pas la moindre idée de ce qu’il allait devenir. Mais il est certain qu’il m’intriguait. Je suis rentré à Poudlard avec l’intention de garder un oeil sur lui, ce que j’aurais fait de toute façon, étant donné qu’il était seul et sans amis. Mais je sentais déjà que c’était nécessaire autant pour le bien des autres que pour le sien.
— Pas plus de six visiteurs à la fois ! avertit Madame Pomfresh en surgissant de son bureau.
— Avec Hagrid, on est tout juste six, fit remarquer George.
— Ah… Oui…, admit Madame Pomfresh.
— C’est un malade mental ! s’exclama-il d’un ton furieux. Cette chose a dit à toute sa famille qu’ils pouvaient nous dévorer, Harry et moi ! Il les a invités à se servir ! Et maintenant, Hagrid voudrait qu’on aille pleurer sur son abominable cadavre velu !
— Parfait, dit-il. Vraiment parfait. Bon… Je descends chez Hagrid.
— Quoi ? s’écrièrent Ron et Hermione, effarés.
— Non, Harry… tu dois aller voir Slughorn, tu te souviens ? lui rappela Hermione.
— Pas du tout, répliqua Harry d’un ton résolu. Je vais chez Hagrid, je sens que c’est ce que je dois faire.
— Tu sens que tu dois aller enterrer une araignée géante ? demanda Ron, abasourdi.
— Oui, assura Harry en sortant sa cape d’invisibilité de son sac. J’ai l’intuition que c’est là qu’il faut être ce soir, vous voyez ce que je veux dire ?
— Non, répondirent Ron et Hermione d’une même voix. [...]
— Ayez confiance, dit-il, je sais ce que je fais… ou en tout cas… Felix le sait.
— Où allons-nous l’enterrer ? demanda-t-il. Dans la forêt ?
— Oh, grand Dieu, non, répondit Hagrid en essuyant ses yeux ruisselants avec un pan de sa chemise. Les autres araignées ne me laisseraient pas approcher de leurs toiles maintenant qu’Aragog n’est plus là. Je me suis rendu compte que c’est seulement parce qu’il en avait donné l’ordre qu’elles ne m’ont pas dévoré ! Tu aurais cru une chose pareille, Harry ?
S’il avait fallu être sincère, il aurait répondu oui sans hésitation. Harry se souvenait douloureusement du jour où Ron et lui s’étaient retrouvés face aux Acromentules : il ne faisait aucun doute que sans Aragog, elles n’auraient pas hésité à manger Hagrid.
— Vraiment ? s’exclama Hagrid, qui paraissait à la fois surpris et ému. C’est… c’est très gentil de sa part, et aussi de ne pas te dénoncer. Je n’ai jamais eu beaucoup affaire à Horace Slughorn, jusqu’à maintenant… Mais venir dire adieu à Aragog… Alors, là… Ça lui aurait plu, à Aragog, tu peux me croire…
Harry songea que ce qui aurait surtout plu à Aragog, chez Slughorn, c’était la quantité appréciable de chair comestible qu’il aurait pu lui fournir.